Link by Primonial, un nouveau robo-advisor sur le marché

Link, le robo-advisor de Primonial

Les robo-advisors sont à la mode depuis quelques années (avec Yomoni, WeSave, Marie Quantier, et bien d’autres). Primonial vient donc de lancer le sien (Primonial Link), il y a quelques jours. Est-ce pour « faire comme tout le monde » ou pour « proposer mieux pour moins cher » ? Réponse dans cet article.

La plateforme Link by Primonial

Une nouvelle Fintech, Primonial Link, vient de voir le jour… Cette plateforme 100% digitale (souscription en ligne avec signature électronique) ne pourra être proposée aux investisseurs que suite à un parrainage d’un Conseiller en Gestion de Patrimoine (ce que Primonial nomme un « linker ») qui validera la souscription effectuée en ligne par l’internaute (la souscription doit être finalisée par un code de parrainage communiqué par le CGPI). Primonial travaille avec 1600 CGP-CGPI (salariés ou référencés) environ. Bien évidemment, ces conseillers seront rémunérés par Primonial (les rétro-commissions versées aux CGPI seraient de 0,50% sur les ETF et 0,10% sur le fonds Euros).

On peut facilement imaginer que Primonial Link a été lancé pour répondre à une demande des CGP(I), afin qu’ils puissent disposer d’un « produit à la mode » (avec l’idée de contrer les leaders des robots conseillers que sont Yomoni, WeSave, Marie Quantier ou encore Advize). Pour preuve, Morningstar avait organisé une étude en partenariat avec Infopro en 2015 : 34% des CGPI voyaient alors l’arrivée des robo-advisors d’un mauvais œil (imaginant un impact négatif des robots-advisors sur leurs affaires). Une autre étude, un an plus tard (juillet 2016), organisée par l’Argus de l’assurance en partenariat avec Périclès Consulting, indique que désormais 61% des CGPI voient les robo-advisors comme une opportunité !

D’ailleurs, Stéphane Vidal, DG de Primonial, affirme lui-même que la plateforme Primonial Link « répond à un besoin de la distribution et peut permettre aux CGPI de recruter de nouveaux clients » (voir les vidéos un peu plus bas). Cette plateforme vise une clientèle jeune de primo-investisseurs (on peut même entendre, par-là, les enfants et petits-enfants des clients traditionnels des CGPI), « connectée » et plutôt autonome. En fait, elle vise directement ceux que l’on nomme parfois sur la toile les « Digital Native » (les enfants du numérique, nés entre la fin des années 1980 et le début des années 1990 – lors de l’explosion du web – et imprégnés de culture numérique, étant donné qu’ils ont grandi avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication).

Une fois la souscription effectuée, les CGPI se sont engagés à contacter leurs clients, au moins une fois dans l’année (pour assurer un suivi personnalisé). On peut se demander ce que les CGPI apporteront réellement aux investisseurs, étant donné que la gestion pilotée sera assurée par un robot-advisor (lire ci-dessous), et que Primonial affirme dans son communiqué de presse que « l’épargnant investit 100% en ligne, en totale autonomie » (même si le CGPI reste à sa disposition).

Un produit unique, une assurance-vie : Link Vie

Pour l’instant, la plateforme digitale Link by Primonial propose un seul et unique produit : un contrat d’assurance-vie. Ce contrat sera assuré par Oradéa Vie (filiale de la Société Générale) et va offrir les caractéristiques suivantes :

  • Une entrée à partir de 1000 € (versement initial)
  • Pas d’OPCVM « classiques », uniquement 51 Trackers ETF
  • Pas de gestion libre possible
  • Une gestion pilotée sous mandat obligatoire
  • Un seul fonds euros (Oradéa, rendement : 1,50% en 2016 pour l’actif général)
  • Un robo-advisor conçu par Lyxor (création d’allocations d’ETF diversifiées en fonction du niveau de risque choisi par les clients)
  • 1 profil 100% Fonds Euros (profil sécuritaire)
  • 4 profils 100% Trackers ETF (modéré, équilibré, dynamique, offensif)
  • Les frais de base sont identiques à la concurrence travaillant sur le même créneau (comme WeSave ou Yomoni) : frais de gestion de 0.60% et frais de mandat de gestion de 0.70%.
  • Les frais de gestion des ETF diffèrent par contre (le « forfait » de 0.30% chez Yomoni et WeSave est ici remplacé par une facturation au réel sur Link Vie, selon les ETF utilisés). Ils seront donc un peu plus élevés.

Selon les dires – voir la vidéo ci-dessous – de Guillaume Lasserre (directeur des investissements Lyxor AM), le fonctionnement du robot-advisor repose sur la diversification (il parle ainsi de « gestion bon père de famille ») et sur un suivi de tendance. A priori, quand même, rien de bien nouveau sur ce point

Cette offre est sensée s’élargir dans le futur, mais sur ce point, peu d’informations ont filtré (peut-être une offre de prévoyance, qui « permettrait aux CGP(I) de recruter de nouveaux clients » selon le Directeur Général de Primonial).

Un peu de publicité ?

Primonial a surtout présenté son produit Link by Primonial par la réalisation de plusieurs vidéos, mises en ligne récemment. Evidemment, ces présentations sont assez édulcorées, voir « idéalisées » (ce qui sommez toute logique, étant donné qu’il s’agit de vidéos censées assurer la promotion du robot advisor). L’avenir nous dire si ces idéaux se concrétiseront dans la réalité (ou non) !

Lancement de Link by Primonial

Teaser (n°1) de Link by Primonial

Teaser (n°2) de Link by Primonial

Teaser (n°3) de Link by Primonial

Découvrir et comprendre Link by Primonial

Quelques remarques sur le robo-advisor Primonial Link

Un fonds Euros médiocre

Tout d’abord, ce contrat ne donne accès qu’à un seul et unique fonds Euros : l’actif général d’Oradéa Vie. Il s’agit d’un fonds obligataire classique (voir cet article sur les différents Fonds Euros disponibles), qui est loin de se classer parmi les meilleurs !

Ce fonds Euros n’est utilisé que pour les investisseurs choisissant le profil sécuritaire (c’est-à-dire 100% Fonds Euros), mais dans ce cas, ce contrat ne présente aucun intérêt. Car l’actif général d’Oradea Vie a offert un rendement très médiocre de 1,50% en 2016 (loin, très loin des leaders… voir cet article présentant le bilan 2016 des performances de l’ensemble des Fonds Euros disponibles sur le marché) .

Certes, les investisseurs choisissant l’offre Primonial Link le feront sans doute avec une volonté  de dynamiser leur épargne grâce à ce robot-advisor. Toutefois, en cas de chute durable et marqué des marchés (et cela pourrait arriver, il ne faut pas se leurrer), pouvoir basculer sur le profil sécuritaire est une alternative, si ce profil est un tant soit peu rémunérateur… Or, avec l’actif général Oradea Vie, il est possible d’en douter.

Nous pouvons aussi rappeler que les concurrents comme Yomoni et  WeSave utilisent l’actif général de Suravenir (le fonds Euros Rendement), qui a offert 2,30% en 2016 (c’est-à-dire un rendement de +50% comparé à celui de Oradea Vie).

Ne dit-on pas que « les petites rivières donnent naissance aux plus grands fleuves » ? Sous-entendu, que chaque détail compte…

Des frais de mandat de gestion supérieurs

Ensuite, un autre point surprenant concerne les frais de mandat de gestion pilotée prélevés par Primonial Link.

Lyxor AM offre déjà un service de gestion pilotée sur plusisurs contrats d’assurance-vie. Par exemple, chez le courtier Altaprofits, les contrats Titres@Vie, Titres@Capi et Titres@Capi PEA (assurés par SwissLife Assurance et Patrimoine), proposent cette offre depuis novembre 2016. Sur ces contrats, les frais de gestion de base sont de 0,60%, et de 1,18% si l’on ajoute la gestion pilotée.

Chez Altaprofits, la gestion pilotée Lyxor AM est facturée 0,58% (1,18 – 0,60 = 0,58). Sur le contrat Link Vie proposé par Primonial, ces frais sont de 0,70%.

Sur Link Vie, un investisseur va donc payer 0,12% de frais de gestion en plus, tous les ans.

Des frais de gestion sur ETF supérieurs ?

De même, Lyxor AM œuvre aussi en gestion pilotée sur le contrat UNEP Sélection Trackers, proposé par l’association d’épargnants Alptis et distribué par un réseau de 600 CGPI travaillant avec l’UNEP.

Les Trackers ETF de ce contrat (environ 70 trackers, voir la liste sur ce lien) présentent des frais de gestion allant jusque 0.85%. La liste des Trackers proposés sur le contrat Link Vie n’est pas accessible directement, mais on peut imaginer que les ETF seront sans doute, plus ou moins, les mêmes (pourquoi Lyxor s’amuserait à faire X gestions pilotées différentes, pour chaque contrat ?).

Ainsi, dans ce cas, le contrat Link Vie de Primonial facturera sur ce point, là aussi, des frais légèrement supérieurs (0.10 à 0.30% de plus).

Je vérifierais ce point dès que j’aurais accès à la liste des ETF disponibles sur le contrat Link Vie by Primonial. Encore faut-il que cette liste soit accessible avant toute souscription (ce qui me semble logique).

Pour deux intermédiaires de plus...

+0,12% par-ci, +0,15% par-là. Cela peut paraitre anodin, mais sur le long terme, chaque petit pourcentage de frais supplémentaire prive l’investisseur d’un meilleur rendement.

Les robo-advisors concurrents, comme Yomoni et WeSave, ne comportent que 4 « partenaires » (qui chacun souhaite être rémunéré, ce qui est logique) : l’assureur, l’émetteur des ETF, le robo-advisor (en même temps « créateur et distributeur » du contrat : Yomoni, WeSave…) et le client investisseur.

La plateforme Primonial Link intègre des partenaires supplémentaires : l’assureur, l’émetteur des ETF, le robo-advisor (ici, Lyxor), le client, avec en sus le créateur du contrat (Primonial) et le distributeur (les CGPI). Le gâteau doit être divisé en 6, et non plus en 4… ce qui peut expliquer les frais supérieurs. 

Sachant que les frais jouent un rôle important dans la performance, les contrats des précurseurs (WeSave, Yomoni, Marie Quantier, Advize) devraient continuer « à tenir la corde ». Les performances de chacun sur les prochaines années nous en apporteront la réponse !

Comments (3)

  • tikitoi13/02/2017 at 17h26 Répondre

    merci, bon éclairage et comparatif complet

  • Dardaine18/02/2017 at 19h14 Répondre

    Phil65:
    Précision pour Titre @ Capi Pea, il est possible de mixer gestion pilotée ETF et gestion Libre donc de gérer la volatilité de son contrat par des fonds monétaires voir par un fonds indiciel inversé sur le cac 40 (valeur monte quand le Cac 40 baisse et inversement) , quand on le décide sans préavis, sans questionnaire à remplir ce qui compte tenu du niveau élevé des indices internationaux actuels est une option pour le moins intéressante me semble t’il.

    • Maxicool26/02/2017 at 20h50 Répondre

      Bonsoir Dardaine,
      tout à fait, le contrat que vous citez bénéficie d’une certaine souplesse sur le choix des gestions (il est possible de mixer gestion pilotée et gestion libre) et des supports.
      Cordialement.

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