Comprendre les frais sur un OPCVM
Investir dans un OPCVM vous apporte « sans doute » le savoir-faire de gérants professionnels. Par contre, il vous apporte « à coup sûr » des frais, parfois assez opaques.
Dans cet article, un tour d’horizon des frais sur OPCVM.
Empile-t-on vraiment les frais sur OPCVM ?
Quatre types de frais
Lorsqu’un investisseur utilise un OPCVM (sur un PEA, un CTO ou un contrat d’assurance-vie), la maison de gestion commercialisant cet OPCVM lui prélèvera des frais, de manière plus ou moins visible.
En fait, les frais sur OPCVM peuvent être de 4 types bien distincts :
- Les frais de transaction,
- Les frais de gestion,
- Les commissions de mouvement,
- La commission de surperformance.
Les frais de transaction
Ils sont eux mêmes divisés en deux catégories :
- les frais d’entrée
- les frais de sortie
Les premiers sont assez fréquents, les seconds sont plus rares…
Tout simplement, ces frais s’appliquent à l’achat ou à la vente de l’OPCVM, et se matérialisent par une ponction sur le nombre de parts que vous aurez acheté. Il s’agit des frais les plus visibles, les plus simples à comprendre.
Par exemple, vous achetez 100 parts d’un OPCVM avec des frais d’entrée de 2%, mais vous n’aurez que 98 parts de ce fonds dans votre portefeuille.
Sachant que ces frais d’entrée atteignent parfois 4 ou 5% pour certains OPCVM, ils constituent une véritable mine d’or pour les émetteurs !
Les frais de gestion
Ces frais oscillent souvent entre 0,5 % et 3 % par an. Ils sont inclus dans le calcul de la Valeur Liquidative de l’OPCVM (voir cet article si la notion de Valeur Liquidative vous parait complexe).
Ainsi, ils sont assez transparents pour l’investisseur (la Valeur Liquidative varie avec la cotation en Bourse de l’OPCVM). Mais, bien entendu, plus un OPCVM aura des frais de gestion élevés, plus ceux-ci impacteront sa performance globale.
En réalité, ces frais de gestion servent à :
- financer le fonctionnement de l’OPCVM
- financer la distribution de l’OPCVM
- rémunérer la société de gestion
Enfin, pour un même et unique OPCVM, les frais de gestion peuvent varier en fonction du mode de distribution. En effet, une partie de ces frais peut être rétrocédée au distributeur (les CGPI distribuant un OPCVM « récupèrent », en général, entre 0,6 % et 0,8 % de frais de gestion par an).
Les commissions de mouvement
Vous les payez lorsque le gérant effectue des arbitrages sur les titres en portefeuille. Les gérants ayant une approche active auront ainsi des fonds plus chargés en frais que ceux ayant une approche passive.
Ces frais sont critiqués car ils peuvent pousser à l’excès. On peut imaginer qu’un gérant fasse tourner artificiellement la composition de son portefeuille afin d’augmenter les commissions de mouvement (et s’enrichir sur le dos des souscripteurs).
Toutefois, ces frais sont visibles grâce aux DICI, qui ont introduit la notion de « frais courants ». Ceux-ci reprennent la moyenne des frais perçus l’année précédente par l’OPCVM, au titre :
- des frais de transaction
- des frais de gestion
- des commissions de mouvement
On peut donc calculer les commissions de mouvement par une petite soustraction :
Commissions de mouvement =
Frais courants – Frais de gestion – Frais de transaction
La commission de surperformance
Certains fonds appliquent aussi une commission de surperformance (facturée lorsque la valeur de l’OPCVM a bien augmentée) .
L’idée peut paraitre bonne (plus le gérant vous fait gagner d’argent, plus il est rémunéré… les intérêts semblent alignés), il faut néanmoins faire attention à 2 éléments importants !
Comment la surperformance est-elle mesurée ?
En général, elle est calculée à partir de l’indice de référence de l’OPCVM (indiqué dans le DICI), plus rarement à partir d’un rendement fixe.
S’il s’agit d’un indice de référence, vérifiez que celui-ci est bien « dividende réinvesti » (qu’il intègre bien les bénéfices des sociétés qui le composent).
Sinon, l’OPCVM (qui, lui, intègre les dividendes) battra l’indice artificiellement et facturera à chaque fois ces commissions.
Comment la commission est-elle facturée ?
Certains OPCVM facturent cette commission à chaque fois qu ’il a fait mieux que son indice (même en cas de performance négative). Ainsi, même si l’OPCVM perd de l’argent (et par corrélation vous en fait perdre), mais qu’il a fait mieux que son indice, vous devrez payer cette commission de surperformance.
D’autres OPCVM appliquent ces commissions uniquement lorsque la performance est positive, ce qui semble plus logique !
Enfin, une dernière catégorie d’OPCVM applique le principe du « High Watermark », qui consiste à ne facturer cette commission de surperformance que si l’OPCVM a dépassé son maximum historique. Ce sont les meilleures conditions de facturation pour un investisseur.
Il faut donc absolument vérifier ces points de détail dans les DICI !
Les commissions de surperformance ne sont pas comptabilisées dans les frais courants, mais une estimation de leur valeur est prise en compte dans le calcul de la Valeur Liquidative.
Comment connaître le montant des frais sur OPCVM ?
Se renseigner sur ces frais sur OPCVM est essentiel avant d’investir ! L’importance de ces frais peut constituer un critère de sélection (parmi d’autres) entre deux OPCVM présentant des performances plus ou moins équivalentes. Il convient alors d’utiliser deux documents.
Les DICI
Depuis 2011, à la demande de l’AMF, toute société de gestion (émettrice d’un OPCVM) doit obligatoirement mettre à disposition de l’investisseur un document d’information standardisé : il s’agit du DICI.
En 2 ou 3 pages, ce document doit clairement renseigner l’investisseur sur :
- le niveau de risque
- le niveau de rendement,
- l’importance des frais prélevés.
Les prospectus
Un prospectus offre des informations encore plus détaillées sur un OPCVM. Publié par la société de gestion, il nous renseigne sur :
- la forme de l’OPCVM
- ses acteurs (émetteur, distributeur…)
- ses modalités de fonctionnement
- sa stratégie d’investissement
- son profil de risque
- ses modalités de souscription
- ses frais
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Calculer le montant des frais sur OPCVM
Maintenant que les frais sur OPCVM n’ont plus de secret pour vous, je vous invite à poursuivre votre lecture avec cet article présentant, à titre d’exemple, un calcul réel de ces frais pour un OPCVM. Vous verrez qu’ils peuvent être réellement conséquents, bien plus importants que l’on ne le pense !
Vous comprenez aussi pourquoi les gérants actifs parviennent bien peu souvent à battre leurs indices de référence (lire cet article), et pourquoi il est parfois préférable d’investir sur des Trackers (ETF).